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Je pense à ce pic qui me traverse de part en part quand je ferme les yeux, le fantasme d'une transcendance salvatrice.

Publié le 6 Janvier 2016 par Rédacteur insomniaque

Une génération qui manque cruellement de traumatismes; du marbre, de l'agitation critique, et un mutisme glaçant. La terreur du vide, le silence et l'obscurité d'une époque qui glace les orgueils et qui fige les relations. Tout va plus vite mais nulle part. Des traits nucléaires et absolus, des tirs précis et déterminés : chaque jour un carreau tiré dans le mille de l'inconsidéré, et à demain.

C'est bizarre, je ne crois toujours pas au retour du Roi.

L'enfant que j'étais s'offusque de ce que je suis devenu. J'ai longtemps cru qu'un jour j'aurais les cartes en main pour choisir une voie, je pensais qu'un déclic surviendrait, comme un échantillon de paix à extrapoler. Mais il s'avère que je n'y arrive pas, avec personne. Je refuse le combat, je refuse de prouver, et rien ne sera mis en évidence.

Je suis en colère, j'exaspère volontiers ceux qui voudraient doucement penser qu'il y a des choses à mettre en valeur, dans l'existence brute, dans le roc de la vie autour. L'odeur restera la même, la vue restera la même, les sens semblent déjà tout connaître, surdoués et tellement limités. J'ai toujours peur, je mens toujours et je trompe autant. Il n'y a que ça de sincère dans ce que je propose. Si je ne veux rien, si je refuse tout, je reste déçu, éternellement, des propositions de réforme, cycliques et périodiques. Je suis choqué chaque jour, je suis brisé tous les matins ; des années entières qui n'en valaient peut être pas vraiment la peine, et il m'en reste au moins autant. Il vaut mieux être seul, il vaut mieux être mal accompagné. Un statu quo éternel de compétences et des alternatives qui s'amenuisent. Des alternatives qui disparaissent. Le chemin se précise mais rien n'est moins désirable ; qui aurait envie d'y aller ? Qui trouverait sa vocation ? Voyez vous l'arène ? Je ne trouve pas ça drôle, je ne trouve pas ça beau, je ne trouve pas ça fort, c'est simple, je n'y trouve aucun plaisir. Je voudrais que tout soit comme avant, quand j'étais malheureux.

Les choses étaient plus simples, je n'y comprenais rien. Ce que je comprends à présent, ce que m'apporte la vieillesse, ce que m'a donné le temps qui m'a fatigué... L'impression d'une impuissance globale et généralisée, et l'apport désespéré et peu convaincu de fausses réponses pour exciter la colère de ceux qui ne s'étaient pas posé de questions.

Dans un désespoir désintéressé massif et général, le monde attend n'importe quelle fatalité, hagard et blasé.

Tout ce qu'il me reste ce sont des vices qui recommencent et des lamentations silencieuses ; un éclair euphorique, une secousse heureuse, puis un silence cruel. Des heures, des jours, des semaines à croire que rien ne peut plus arriver.

Ma paresse émotionnelle comme seule solution aux oublis du destin.

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