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Presque rien

Publié le 22 Septembre 2020 par Rédacteur insomniaque

Il n'y a presque rien. Presque rien à regretter, presque rien à oublier.

Une fumée. Un désastre. Une erreur, une chance. Il s'est passé tant de choses. J'ai cru ne jamais revenir sans être vraiment parti. Presque rien, sinon le flot décousu de mes lamentations qui reviennent comme l'écume sur un sable mouillé. Lentement, paisiblement, fatalement. Chaque plaisir est une fugue, chaque douleur un foyer. Encore des réussites relatives, anecdotiques, de succincts succès qui apparaissent : des impuretés, des plaies. 

J'ai tout donné, j'ai tout essayé, je me retrouve encore face à ce vide, à la peur, face aux gens, à moi. Comme c'est rassurant quand tout a encore échoué, et comme c'est apaisant de n'avoir plus personne à décevoir. 

Il y a dans le flou de l'être un espace dans lequel je m'égare, l'antichambre de la réalité. Un interstice où rien, ou presque, n'existe : avant la confiance et après l'espoir. Hors du temps, hors du réel, un instant où tout peut être fait et défait, des monuments éthérés se soulèvent et s'effondrent ; je n'en sors jamais, je ne peux pas. Cet instant je peux être ce que je veux, je peux même être presque rien.

Je me complais dans le réconfort de l'échec qui offre une certitude salvatrice, cette solitude effrayante. Une chose, son contraire, et encore. 

Drapé d'assurance, je vous méprise. Juste une empreinte d'innocence, la feinte d'une insolence. Une illusion qui s'engouffre dans les profondeurs d'un passé impitoyable. Un dimanche inutile qui s'enlise, dans lequel on ne projette rien, presque rien. 

Qu'ils se mentent, qu'ils se trompent, qu'ils soient acceptables, magnifiques. Quand ils essaient, qu'ils essaient de toute leur force, qu'ils se heurtent les uns contre les autres, dans un chaos merveilleux, comme des mouches dans un pot ; qu'ils sont grands et beaux, et joliment vêtus, qu'ils ont de choses à se dire et de silence à remplir. C'est infâme. Je refuse de m'emmêler, je suis sincère. Je suis confus. Je suis sincère. 

Des balbutiements naïfs envisagés sans pudeur, malentendus qui tiennent, aux grossiers hasards créateurs, il n'y a presque rien que je n'adore.

Je contrôle l'absurde et domine le néant, adorateur du silence et maître du vain. Ce que je suis, comme ce que j'aime et désire, presque rien.

 

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